Un magicien chez les universitaires
Dans le cadre du colloque universitaire "Machines. Magie. Médias" qui se tient du samedi 20 août au dimanche 28 août 2016 au Centre Culturel International de Cerisy la salle, sous la direction de Frank Kessler, Jean-Marc Larrue et Giusy Pisano, le magicien Gérard Souchet, interviendra à deux reprises.
Une thématique magique
Gérard Souchet arrivera tout droit de Rennes. Il interviendra tout d'abord lors d'une table ronde durant laquelle son expertise et sa connaissance fine de l'art magique sera sollicitée. Son experience à la direction du Festival International de Magie est aussi une des raisons de sa présence lors de ce séminaire unique.
La thématique portera sur un réflexion qui évoque qu'au-delà de l’idée d’un art fortement codifié et assujetti à ses traditions, la magie semble se caractériser par sa mouvance, sa labilité, sa capacité à échapper aux définitions essentialistes en se réinventant là où on ne l’attendait pas.
Où la magie se situe-t-elle dans le vaste ensemble des dispositifs du passé (panoramas, dioramas) ?
Comment l’idée de magie circule-t-elle avec fluidité d’une machinerie à une autre ?
Quelles sont les influences de la magie sur les formes médiatiques actuelles (télévision, cinéma, numérique) ?
Une démonstration d'art magique
Dans un second temps, Gérard interviendra pour présenter quelques extraits de ses spectacles afin de compléter l'échange et la discussion.
Gérard, par le biais de ses intervention tentera de proposer une autre vision de l'art magique, une autre approche de cet art ancestral du merveilleux.
Afin d'alimenter le débat et les reflexions, Gérard présentera, notamment, quelques uns des effets avec lesquels il interprète ses spectacles de magie avec succès depuis les années 1985-1990.
Un programme très intéressant
Les magiciens – de Robert-Houdin et Georges Méliès à Harry Houdini et Howard Thurston suivis par
Abdul Alafrez, David Copperfield, Jim Steinmeyer, Marco Tempest et bien d’autres – ont questionné
les processus de production de l’illusion au rythme des innovations en matière d’optique,
d’acoustique, d’électricité et plus récemment d’informatique et de numérique.
Or, toute technologie
qui se joue de nos sens, tant qu’elle ne dévoile pas tous ses secrets, tant que les techniques qu’elle
recèle ne sont pas maîtrisées, tant qu’elle n’est pas récupérée et formalisée par un média, reste à un
stade que l’on peut définir comme un moment magique.
Machines et Magie partagent, en effet, le secret,
la métamorphose, le double, la participation, la médiation. Ce parti pris se fonde sur l’hypothèse avancée
par Arthur C. Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie » (1984,
p. 36).
L’émergence même des médias peut être analysée en termes d’incarnation de la pensée magique,
« patron-modèle » (Edgar Morin, 1956) de la forme première de l’entendement individuel (Marcel
Mauss, 1950).
De facto, depuis les fantasmagories du XVIIIe siècle jusqu’aux arts numériques les plus
actuels, en passant par le théâtre, la lanterne magique, la photographie, le Théâtrophone, le
phonographe, la radio, la télévision et le cinéma, l’histoire des machineries spectaculaires croise celle
de la magie et les expérimentations de ses praticiens, à l’affût de toute nouveauté permettant de
réactualiser les effets magiques par la mécanisation des performances.
C’est par l’étude des techniques
d’illusion propres à chaque média, dont les principes récurrents ont été mis au jour par les études
intermédiales et l’archéologie des médias, que la rencontre avec l’art magique s’est imposée.
Ce
colloque propose d’en analyser leur cycle technologique : le moment magique (croyance
et émerveillement), le mode magique (rhétorique), la sécularisation (banalisation de la dimension
magique). Ce cycle est analysé dans sa transversalité afin d’en souligner les dimensions intermédiales.
Les communications sont ainsi regroupées en sept sections :
- L’art magique
- Magie et esthétiques de l’étonnement
- Magie, télévision et vidéo
- Les merveilles de la science
- Magie de l’image, l’image et la magie
- Magie du son, son et magie
- Du tableau vivant au mimétisme numérique
La première met en dialogue historiens et praticiens de la magie et présente un état des archives sur le
sujet.
Les six sections suivantes font état des corrélations : magie/médias et médias/magie.
Ce colloque intermédial constitue l’une des étapes du projet les Arts trompeurs. Machines.
Magie. Médias (Labex Arts-H2H/ ENS Louis-Lumière/CRILCQ).
Il bénéficie d’une aide de l’ANR
au titre du programme Investissements d’avenir (ANR-10-LABX-80-01) ainsi que des laboratoires et
institutions suivants : IRCAV, LISAA, CEISME, HAR, LIRA, GRAFICS, CRialt, UPL Université
Paris Lumières, Cinémathèque Méliès, Bibliothèque nationale de France, Cinémathèque française,
Musée des Arts Forains, Festival l'Europe autour de l'Europe et bien sûr du Centre Culturel
International de Cerisy.